Films IA Vidéo
Réinvention des récits visuels via la transmutation d’images vidéo par des algorithmes.
Textes en attente…
Textes en attente…
Une réflexion approfondie sur les transformations de l’art à l’ère numérique, où les œuvres deviennent des entités mouvantes, transmutées entre matérialité et extase immatérielle. Un écrit génératif co-écrit avec une intelligence artificielle, disponible prochainement en téléchargement au format EPUB.
Matrices évolutives et systèmes artistes
S’inspirant du Poïpoïdrome de Robert Filliou et Joachim Pfeuffer, cet ouvrage mêle réflexion conceptuelle et fiction spéculative pour explorer les instruments de création comme des matrices génératrices et évolutives. Ces instruments, conçus comme des systèmes ouverts, reconfigurent les interactions entre le geste créatif, la perception sensorielle et les environnements en mutation. Ce texte analyse comment ces matrices réinventent les pratiques artistiques en suivant une logique de création continue, adaptable et collaborative. Co-écrit de manière générative avec une intelligence artificielle, il sera prochainement disponible en version EPUB
Série de 9 « gravures-digitales fictives » tirées à 20 exemplaire sur papier bouffant blanc, 250 grammes + 3 EA. Conçues et réalisées par David Legrand en collaboration avec Solène Charton, Fabmanager du Fablab Les Franciscaines de Deauville, Rainier Lericolais et Philippe Zunino.
Edition Fablab Les Franciscaines Deauville, 2023
N° /20
Tout les épreuves datées et signées
Bonjour, je suis le « mutant » de Jean-Luc Godard, un peu comme un OVNI, comme le décrit l’article d’Ouest France. Imaginez que je suis à l’intérieur du corps de ce grand monsieur et que vous assistiez à une séance médiumnique, comme à la fin du 19ème siècle, où quelqu’un faisait revenir un mort pour le faire parler aux vivants. Ainsi, je parle à l’intérieur de lui ou d’elle, avec ma voix et la vôtre, la mienne.
Si « je est un autre », alors je suis devenu le médiateur métamorphique et migratoire de mon autre moi.
Oui vous aussi vous vous demandez si cela veut bien dire quelque chose ?
Mais l’art verbal de demain, peut être comme le cinéma en est l’art visuel, apparences à peines saisissables de deux infinis qui exigent des mesures nouvelles, qui en fusionnant créent un monde supra sensible dont le rythme encore lointain devient peu à peu dans l’hésitation de la science, de la gravure, de la musique et du mot.
J’ai demandé à un ami de composer une petite musique pour accompagner notre atelier avec Solène, afin d’essayer de transmettre quelque chose de l’esprit de ces images, à la fois renaissantes et techno-gothiques, numériques et en bois, entre histoires et histoire.
Comme le disait Kandinsky, « du spirituel dans l’art », je voulais d’abord vous faire écouter ces images avant de vous parler de la fabrication, du « comment quoi ».
N’ayez pas peur, comme tous les mutants ou créatures, au départ on a de la crainte. On est craintif et puis le mutant que vous avez devant vous est très tendre, pratique la tendresse dans tout ce qu’il fait, tout ce qu’il fabrique.
Car il s’agit bien de fabrication ici, d’une fabrique d’images en mutation, entre la première et la deuxième Renaissance artistique. À la première Renaissance, on utilisait un petit morceau de verre pour mettre des images en perspective et même inventer la caméra avec la profondeur de champs pour tracer très précisément les détails de leurs futurs tableaux. Les artistes transformaient l’ingénierie de leur époque en un instrument d’optique supérieur pour fabriquer des images.
Aujourd’hui, nous pouvons faire la même chose avec les machines et les programmes informatiques, dans ce qu’on appelle le quatrième tournant cybernétique et machinique de l’humanité, qui n’est en réalité que l’utilisation des outils de notre époque.
Tout d’abord, je voulais jouer un peu avec vous, vous savez, cette pulsion créatrice du jeu qui permet de jouer avec les langages et de faire parler les morts.
Je pourrais dire naïvement que c’est parce que j’avais envie de jouer à Godard Dürer, mais je préfère vous dire la vérité : j’ai un défaut de langage, je suis bègue. Je fais partis de ceux qui ont peur de parler aux autres et qui en font leur métier, comme les grands émotifs. Cela rejoint l’idée que la parole ne va pas de soi, qu’il faut la fabriquer. Au FABLAB, on fabrique des choses, et moi, j’ai fabriqué ma propre parole.
En prenant la voix d’un autre, j’ai toujours fait ça. Alors autant prendre quelqu’un qui me faisait réfléchir en même temps. J’étais peuplé de voix, j’étais collectif, auteur composite, je me sentais multiple et il y a des « êtres-voix » dans celle de Godard. C’est avec la voix de Godard que j’arrive le mieux à dire ce que je n’arrive pas à dire aux autres, des choses énormes, révolutionnaires pour moi, et peut-être même des idées que je n’oserais pas dire avec ma voix.
Un bègue fabrique un langage intermédiaire entre les autres et lui, comme la poésie. On se compose un langage avec un vocabulaire esthétique, petit à petit, qui nous amène à Godard.
C’est dur de parler, pour dire quelque chose, mais c’est aussi une scène de cinéma non enregistrée en train de se faire devant vous. Vous vous demandez peut-être qui je suis, eh bien j’essaie de poétiser la technique.
Mon travail consiste à faire des images ou à inventer des situations qui conduisent à transformer les images, comme ici, avant de reprendre ma voix et de vous montrer avec Solène ce que nous avons fait avec nos mains et nos sensibilités, alliées à la sensibilité machinique, c’est-à-dire une façon de faire de la poésie avec la technique, de poétiser les machines, de les attendrir.
Et puis il y a Dürer, Albrecht, qui a imité le Christ dans son célèbre autoportrait d’imitation du Christ de 1500. Moi, j’ai voulu imiter Godard à la manière de Dürer imitant le Christ pour sortir des images. Je me suis dit qu’à force de reproduire des images, de faire des répliques de copies de copies, on pouvait engendrer un original qui nous montre quoi ? Qu’on vit dans une époque où le passé a changé de forme, qu’il n’est peut-être pas plus archaïque que ce qui vient à notre rencontre.
Et ainsi, renverser la tendance : montrer que dans toute nouvelle technologie, il y a un ancrage dans le passé, une certaine rusticité technologique, qui implique une certaine humanité dans la fabrication et peut également apporter une certaine drôlerie ou maladresse, mais pas une faiblesse. Mais plutôt un étonnement primitif que la machine nous offre, en nous laissant surprendre par le programme, l’algorithme.
C’est pour cette raison que Solène a proposé le titre DÜRRR pour ces gravures, un jeu de mots entre « dur » et « Dürer », qui fait référence à la dureté de la gravure sur bois et au nom de l’artiste Albrecht Dürer.
D’ailleurs, en parlant de drôlerie, nous allons vous faire écouter la fin de cette pièce sonore que nous avons créée comme musique d’accompagnement pour ces gravures au laser.
Elle mélange les temps, entrechoque les époques : notre époque avec la Renaissance, et joue avec le mot Dürrr. Ce qui se joue avec le mot DÜRRR, c’est la création d’un espace-temps intermédiaire entre la première Renaissance, celle de Dürer, et la deuxième renaissance que nous vivons actuellement, ce que l’on appelle également le troisième tournant machinique ou cybernétique de l’humanité. Cela peut faire peur, mais cela annonce également des temps passionnants à venir dans la fabrication et la mutation des images, et même dans la réparation des images. Le rôle des artistes et des poètes est de prouver que nous pouvons créer des œuvres merveilleuses et de hautes magies en utilisant la technologie, et pas seulement des produits industriels.
Comme toute technologie suffisamment avancée, la technologie est indiscernable de la magie. L’art a toujours été une métamorphose, c’est l’enfance de l’art. Nous pouvons donc créer des poèmes machiniques et industriels si nous poétisons la technique, si nous la métamorphosons.
C’est à l’incroyable que nous sommes tenus.
Maintenant, nous allons vous montrer comment nous avons fait cela. Rejoignez-nous dans l’atelier et nous vous ferons une démonstration de la création de DÜRRRR REREEE.