Présentation des Dialogues Fictifs
Une série cinéplastique
9 vidéos d’esthétique-fiction réalisées entre 2004 et 2022
Bande-annonce des Dialogues Fictifs de la galerie du cartable
2004–2022 / vidéo numérique (HD, Hi8, 16 mm) / 1 min
L’œuvre commune d’un être collectif
Depuis 2004, la galerie du cartable écrit et met en scène des dialogues fictifs qui empruntent à l’histoire littéraire une forme particulière, une variante du dialogue ordinaire : le dialogue des morts. Parce qu’elle met en présence des personnages de pays et d’époques éloignés, et parce que toutes les vanités humaines s’anéantissent au moment de la mort, cette forme ouvre un champ d’une grande variété et permet une invention permanente, où l’on peut exprimer sans affectation des idées souvent opposées à celles communément admises.
Nous avons découvert ce genre littéraire à travers Fénelon, à une période où nous cherchions une autre voie que l’exposition pour transmettre une pratique artistique vécue comme une expérimentation de la vie quotidienne, insoumise et incandescente. Nous voulions montrer que cette nécessité de vivre l’impossible n’est rien d’autre que la possibilité, pour de petits groupes, de mener une vie de création permanente.
La création implique bien plus que le seul travail artistique : elle est avant tout la possibilité d’inventer des lieux de liberté pour l’imagination. Dans cette perspective, les Dialogues des morts nous ont offert un cadre idéal pour construire des langages capables de parler de cette possibilité, de ce projet de vie. Un cadre que l’adaptation filmique nous permettait de rendre visible.
Nous avons donc établi une liste de sujets de dialogues permettant de réunir, à chaque fois, deux morts célèbres de l’histoire de l’art ou de la pensée, ayant vécu à des époques différentes ou non, interprétés par des artistes ou des penseurs vivants, sous la forme de conversations filmées. Comme nous ne souhaitions pas que cette parole soit improvisée, il nous est apparu indispensable de l’écrire, afin de fabriquer un parler spécifique. Un style d’énonciation, écrit au plus près du langage des protagonistes et des propos qu’ils ont tenus ou qui leur ont été attribués.
Cette parole, une fois composée, n’est utilisée ni comme accompagnement, ni comme commentaire, mais comme une matière esthétique. Il s’agit de porter le langage de l’art à l’écran.
À cela s’ajoute la volonté, dans les Dialogues Fictifs, de faire entendre des morts qui continuent de penser le présent, par l’intermédiaire des vivants. Les voix des vivants reprennent celles des morts, s’y glissent, mais ramènent toujours leurs paroles au cœur de notre époque.
La fiction vidéographique permet alors de construire un espace de communication inédit entre les anciens, les modernes et les vivants. Elle engendre des récits de création excentriques dans lesquels, par exemple, Luther écrit des chansons pour Madonna, Vinci et Poussin se disputent en faisant leur jogging, Elvis promène Marie-Madeleine en Piaggio, et Le Corbusier fait voyager Dürer sur un tapis volant.